Lampes à basse consommation : pas si facile d’y voir clair !

Véritable solution aux enjeux de la surconsommation d’énergie, les lampes à basse consommation présentent comme avantage une réduction drastique de la quantité d’énergie nécessaire pour que nous y voyions dans le noir. Néanmoins, le bénéfice que ces lampes proposent ne doit pas cacher les précautions à prendre lors de leur utilisation et de leur traitement, en raison de leur composition. Entre le mercure qu’elles contiennent et les ondes qu’elles dégagent, deux précautions valent mieux qu’une. En attendant une vraie solution globale proposée par la technologie « LEDs », ou « diodes électroluminescentes », France Nature Environnement vous propose ici une vision éclairée de l’utilisation que nous devons faire des lampes à basse consommation.
Une solution autant qu’une pollution

Il est incontestable que, face aux enjeux énergétiques, les « basses consommation » sont une solution.
Mais cette solution n’est pas absolue, ni globale : toutes les lampes ne se valent pas, leur utilisation génère des avantages qui sont limités par l’impact de leur production et de leur traitement, elles contiennent du mercure et leur utilisation n’est pas adaptée à tous les cas de figure. Faisons la lumière sur un produit en vogue.

Des lampes à forte consommation … de mercure !

Le mercure est un élément nécessaire contenu dans les lampes sous la forme d’une vapeur qui produit la lumière. Techniquement, une décharge électrique provoque la collision d'électrons avec des ions de vapeur de mercure, générant un rayonnement ultraviolet par excitation des atomes de mercure. Au-delà des problèmes liés à leur utilisation (en cas de casse, voir ci-dessous), c’est leur production qui pose un réel problème : pour l’UE en 2007, leur production représente une consommation de 11 à 15 tonnes de mercure1.
En plus des rejets dans l’environnement (le mercure est extrêmement volatil), la santé des « travailleurs des lampes » est pointée du doigt dans un article récent : en Chine du Sud, haut lieu de production des lampes vendues en occident, les ouvriers ont témoigné de leurs conditions de travail et des résultats de tests sanguins et urinaires ont été dévoilés. Le bilan est sans appel : chez beaucoup d’entre eux, le taux de mercure retrouvé était dangereusement élevé. Le problème ici reste les mauvaises conditions de travail, dans la mesure où ces ouvriers manipulent du mercure pour l’injecter dans les lampes. L’article du Sunday Times fait ici référence à des ateliers clandestins près de villes comme Foshan et Guangzhou.

Favoriser les lampes à basse  concentration

Au niveau des consommateurs, il n’y pas de risque lors de l’utilisation de ces lampes, dans la mesure où le mercure est emprisonné dans la lampe. Par contre, là où les choses se compliquent, c’est si celle-ci casse. Le mercure, extrêmement volatil, s’échappe alors et se répand dans la pièce, puis retombe sur le sol. Il est alors très important de quitter la salle (surtout pour les enfants et femmes enceintes) et de la ventiler pendant plusieurs minutes. A noter que certaines lampes contiennent moins de mercure que d’autres, il faut donc favoriser l’achat de lampes à basse « concentration » (de mercure), ou celles équipées d’un film protecteur qui réduit les risques de casse et de fuite de mercure.



Des précautions d’utilisation à respecter
Une durée de vie conditionnée par les usages

Les lampes basse consommation durent plus longtemps, vraiment plus longtemps.
Mais cette règle, là encore, n’est pas absolue. Il y a en effet des cas où leur utilisation  n’est pas adaptée, ce qui, du même coup, réduit leur durée de vie.
Il ne faut donc pas installer de lampes basse consommation dans les endroits où la lumière n’est pas toujours allumée, ou pas suffisamment longtemps (lieux de passages, couloirs, toilettes, points équipés de minuteries, caves, etc.). Autres cas non adaptés : les lustres. En effet, les nombreux composants présents dans le culot des lampes le font chauffer et favorisent le risque de casse. Certains lustres en effet  «emprisonnent» le culot des lampes et facilitent sa surchauffe. Eviter également les variateurs d’intensité qui peuvent réduire la durée de vie de ces lampes (elles sont prévues pour une ne alimentation stable). Néanmoins, les recherches récentes ont permis de développer des lampes de dernière génération qui ne comportent pas ces inconvénients. Patience donc, et bientôt nous ne trouverons dans nos rayons plus que des lampes optimales.

Une solution énergétique rayonnante ?

Les lampes à basse consommation font l’objet de controverses scientifiques sur le sujet du rayonnement qu’elles émettent. Le débat ne semble pas encore tranché.
L’innovation technique apportée par les lampes à basse consommation est basée sur l'adjonction d'un circuit intégré qui comprend un starter et un ballast (petit transformateur). C’est ce dernier élément, dont la fonction est de diminuer la lumière papillotante émise par le procédé, qui serait à l’origine des débats controversés autour du « rayonnement magnétique » provoqué par les lampes. Il émettrait en effet des champs de basses et de hautes fréquences. Le CRIIREM se serait donc saisi de cette question, suite aux inquiétudes des porteurs de pacemaker. L’équipe, menée par Pierre le Ruz, Directeur scientifique du CRIIREM, aurait mesuré des radiofréquences harmoniques jusqu'à 200V par mètre, alors que les valeurs limites en vigueur est de 27V/m.
L'électro-pollution ainsi générée entraînerait une diminution de la mélatonine. La mélatonine est une hormone qui induit le sommeil, régule l'humeur et inhibe la prolifération des cellules cancéreuses. Les conséquences à court terme pourraient donc être des troubles du sommeil, une excitabilité, irritabilité et hyperactivité. Une précaution d’usage à respecter à titre préventif est donc de ne pas installer de lampes basses consommation à proximité de votre tête (lampes de bureau, lampes de chevet, etc.), en attendant que le débat scientifique soit réellement tranché.

Que faire ?

- Les utiliser là où il faut (endroits éclairés fréquemment). Par ailleurs, la vente d'ampoules normales (dites à incandescence) va être arrêtée dans quelques mois si vous voulez pouvoir continuer à en mettre dans un couloir ou un WC, il faut penser à en acheter en réserve.
- Il faut les utiliser sans recours à un variateur d’intensité ; du fait de l'électronique qu'elles contiennent, leur utilisation n'est pas recommandée en extérieur, pour des raisons de fiabilité et de sécurité : humidité, exposition aux rayons du soleil, différence de températures…
- En cas de casse, il convient d’aérer pendant plusieurs minutes (30) la pièce (particulièrement si elle est fréquentée par de jeunes enfants, les vapeurs de mercure s'accumulant au sol, mais attention, ne surtout pas passer l’aspirateur car cela chaufferait le mercure et favoriserait d’autant plus son évaporation !)
- Préférer les lampes avec film protecteur;
- Mettre la pression sur les producteurs pour une réduction progressive mais rapide de la concentration en mercure, et des conditions de production respectueuses de l’environnement et des travailleurs;
- Ne pas les jeter n’importe où et être attentif sur les filières de collecte et traitement pour garantir une réelle maîtrise du mercure récupéré et un recyclage des composants ! La présence de poudres fluorescentes et d'un gaz à base de vapeur de mercure dans le tube, non dangereuses en cours d'utilisation, en fait un déchet dangereux nécessitant une prise en charge particulière ! Il existe une filière de collecte et de recyclage des lampes basses consommation à la charge de Recylum. Vous pouvez les ramener en magasin (le distributeur a l’obligation de reprendre une lampe usagée par lampe achetée) ou les déposer dans une déchèterie. Liste des déchèteries ou des magasins partenaires de la filière de collecte, consultez le site : «www.malampe.org».
- Eviter de les mettre en place à des endroits proches de votre tête, comme dans les lampes de chevet.

Les lampes basses consommation : une solution…transitoire

En effet, l'avenir est aussi aux LEDs, ces fameuses diodes électro-luminescentes, qui pour le moment ne sont pas encore parfaitement opérationnelles pour permettre une substitution rapide. Depuis plusieurs décennies, elles font l’objet d’une recherche approfondie pour en améliorer progressivement les performances.
Depuis les années soixante, le rendement lumineux des LEDs ne cesse de progresser grâce à l’émergence de nouveaux matériaux (rares et chers) mais également la mise au point et la maîtrise de nouveaux process. Beaucoup moins polluantes (elles n’utilisent pas de mercure), plus durables (une durée de vie estimée à plus de 20 000 heures contre environ 10 000 actuellement en moyenne pour les lampes basse consommation), les perspectives d'évolution ainsi que le caractère innovant des LEDs leur ouvriront donc sans doute de nombreuses portes.

Conclusion : la position de FNE

Au regard de la question énergétique, et en attendant la diffusion des LEDs, FNE est bien sûr favorable à l'utilisation des lampes basse consommation. Néanmoins, leur utilisation doit être rationnelle (là où il faut), des précautions doivent être prises en cas de casse et la pression doit être renforcée sur l’amont et l’aval de la filière : pousser les producteurs à réduire les quantités de mercure présentes dedans ; accompagner cela d’un meilleur contrôle des lampes importées (souvent ce sont les lampes de producteurs peu connus, provenant de Chine qui posent problème, ceci se retrouve également pour les piles) ; imposer le film protecteur à toutes les lampes et s’assurer l’intensification de la collecte et un traitement de qualité.

D'après France Nature Environnement, La Lettre Industrie - Déchets / N° 47 - Mai-Juin 2009


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